Montmartre, ce quartier emblématique de Paris, connu pour ses artistes, sa basilique du Sacré-Cœur et ses rues pittoresques. Mais saviez-vous que Montmartre était autrefois un important centre viticole ? Plongeons ensemble dans l’histoire des vignes de la butte Montmartre, où vous découvrirez une facette méconnue mais passionnante de ce lieu mythique.
Tout commence au 12ème siècle avec l'établissement de l'abbaye des Dames de Montmartre. Les religieuses pratiquaient alors la culture de la vigne sur les pentes de la colline en vue de produire du vin pour leur usage personnel, mais également pour subvenir à leurs besoins financiers. Rapidement, l'activité viticole se développera et le vignoble s'étendra, permettant ainsi à toute la population parisienne de profiter du fruit des vignes de Montmartre.
Au fil des siècles, les dames de Montmartre joueront un rôle clé dans la gestion du vignoble. En effet, les abbesses successives mettront tout en œuvre pour préserver la qualité du terroir et favoriser la production de vins d'excellente qualité. Sous leur impulsion, les vignes montmartroises traverseront les épreuves, comme les guerres ou les épidémies, et résisteront aux rivalités entre les différents centres de production viticole de la région.
Aux 18ème et 19ème siècles, Montmartre comptait quelques trois cents hectares de vignes au total. Ce chiffre faisait du quartier l'un des plus importants centres viticoles de l'Île-de-France. Mais quelle était la diversité des cépages plantés à cette époque ? En effet, plusieurs variétés étaient cultivées sur la butte :
Toutes ces variétés permettaient à Montmartre de produire une diversité de vins, dont chaque terroir apportait ses caractéristiques spécifiques et son charme propre.
Malheureusement, le déclin progressif du vignoble montmartrois débuta vers la fin du 19ème siècle avec l'apparition d'un ravageur particulièrement redoutable pour les vignes : le phylloxéra. Cet insecte piquera les racines de la vigne, provoquant leur mort en les infectant par un champignon pathogène. Les vignobles français seront très rapidement contaminés par ce fléau et les résultats seront catastrophiques.
Les pertes dues à l'invasion du phylloxéra se mesurent alors en millions d'hectolitres. Les vignobles disparaissent les uns après les autres, et Montmartre ne fait pas exception : ses vignes sont presque entièrement détruites. La surface totale du domaine passe ainsi de plusieurs centaines à seulement quelques hectares au début du 20ème siècle. Malgré cette situation alarmante, certains vignerons tenteront de poursuivre la culture de la vigne dans des conditions difficiles, mais avec un courage et une ténacité dignes d'admiration.
Heureusement, le patrimoine viticole de Montmartre va connaître un revirement de fortune durant les années 1930 et prendra ainsi une nouvelle dimension grâce au célèbre artiste Francis Poulbot. Ce dernier devant inquiet de voir l'histoire des vignes montmartroises tomber peu à peu dans l'oubli décida alors de créer une association pour relancer leur production et préserver leur héritage.
Ainsi naquit le Clos Montmartre en 1934. Cette parcelle située sur la rue des Saules offre aujourd'hui aux visiteurs curieux et aux passionnés d’œnologie, un cadre unique pour découvrir les secrets de la production viticole urbaine. Bien que la surface ne fasse qu'un peu plus de 1500 mètres carrés, le Clos Montmartre compte désormais près d'un millier de pieds de vigne plantés sur cette surface restreinte. Les principales variétés présentes sont le Gamay noir, le Pinot Meunier et le Sauvignon Blanc.
La production actuelle du Clos Montmartre est modeste : chaque année, environ 900 à 1000 bouteilles sont élaborées dans un petit chai situé sous la basilique du Sacré-Cœur. Le vin issu des vignes montmartroises n'est pas commercialisé : il est généralement offert lors des manifestations culturelles ou caritatives organisées par la commune de Paris.
Symbole fort de la persévérance et de l'amour que porte la population pour les vignes de Montmartre, la Fête des Vendanges, qui a lieu chaque année au mois d'octobre, rassemble une foule nombreuse venue célébrer avec entrain la récolte du raisin et assister à diverses animations (dégustations, stands gastronomiques, expositions artistiques...). C’est une preuve que l'esprit vigneron et la mémoire collective perdurent encore et toujours sur ce bout de colline parisienne.